La Ndâma - Pas De Regrets
Abdelkader, Ali, Mohamed
J'ai grandi parmi eux au grand air
Avec moi, ils faisaient parti de l'intermède
Nos yeux ne voyant jamais le feu qui couvait
Les petits yaouleds et nous, les gamins européens
Jouions au marchant et au soldat
Sans même la malice d'un lycéen
Le rebelle était déjà tapi derrière les buissons d'aubépine
Les yeux avides d'un pouvoir impossible
Innocents, nous ne voyions que fleurir l'églantine
Le soleil d'hiver nous réchauffait le sang
Main dans la main nous étions ébahis devant ces fleurs rose tendre
A l'école nous partagions les mêmes bancs
Pendant que le FLN tranquillement choisissait sa cible
Dans la belle calèche, depuis la ferme Flamand
Le mercredi matin je partais au marché de l'Arba
Des flots de vieux platanes
Ombrageaient la route et le chemin des ânes
Ali le conducteur chantait tout en guidant le cheval
A l'arrière nous riions, moi et trois Fatmas
Heureuses, heureuses d'une sortie au village
Nous revenions avec des victuailles
Toute vivante, Ali ramenait de la volaille
L'après-midi, pour le kaoua, j'allais au gourbi
Je mangeais avec ces mauresques la galette de blé
Comme une reine j'étais reçue, moi la roumi
Sans chichi, assise sur un petit tabouret
Je partageais leurs soucis de femme, de mère
Nous étions Amies avec jamais un mot amer
Cependant El echchitan descendit sur notre pays
Comment se battre contre le diable ?
La baraka nous a bel et bien abandonnés
Impossible, hein ! le diable gagna le pari
La ndâma – Pas de regrets
© SuzanneServeraRipoll